Lorsqu'en 1966, la Municipalité de Rurange fit transférer l'ancien cimetière situé autour de l'église, de très nombreuses sépultures furent abandonnées par les familles. De plus, lors de la construction de la sacristie en 1936, on avait déjà à cette époque recueilli de nombreux ossements, qui avaient été rassemblés à l'entrée ouest du cimetière.

En 1966, plus de 700 personnes furent ainsi exhumées, et leurs ossements déposés dans l'ossuaire du nouveau cimetière. Pour donner à ce tombeau des anciens de Rurange, plus de respect, il devait être doté d'un calvaire.

Pour ce faire, une croix des champs abandonnée et passablement endommagée fut transférée du lieu-dit : FRENZENACKER, limite du ban de RURANGE-VOLSTROFF, au nord du village, à l'intersection du chemin de RURANGE-REINANGE et RURANGE-SCHELL. Cette croix figure encore sur les cartes de la région et servait de point géodésique.

ORIGINE :

Après la Guerre de Trente Ans, RURANGE, SCHELL et VINSBERG furent repeuplés par des familles d'origine belge. Une famille vint à SCHELL et devait y rester plus de deux siècles : La famille DEFLORAINE. Cette famille venait du village de FLORENNE près de NAMUR, ainsi que la famille DROMRE, qui elle venait de ROMEREE, bourg situé à l'ouest de GIVET. Une autre famille venait de SERFONTAINE. Comme les noms de familles n'existaient pas, on disait le Joseph de Florenne, le Jean de Romerée, les Serfontaine, et ainsi déformés, les noms des villages sont devenus des noms de familles. Cette famille DEFORENNE, très pieuse et nombreuse, défricha les bans de SCHELL et VINSBERG. Alliée aux CERFONTAINE et aux DROMRE, elle vint à RURANGE, KIRSCH.

Après la révolution de 1789, cette famille voulut remettre en honneur la Foi chrétienne, et en actions de grâces d'avoir été épargnée par la tourmente révolutionnaire, les frères DEFORENNE érigèrent des calvaires aux quatre points cardinaux de leur ferme de SCHELL : à l'ouest, de Frenzenacker, maintenant sur l'ossuaire ; A l'est, celle donné à M. MANICK, pour être érigé sur la maison natale des membres de la famille DEFLORAINE ; Au sud, celle se trouvant à l'entrée du VINSBERG; Au nord, la croix a disparu pendant la guerre. Celle qui se trouve devant le "Chalet du Vinsberg", érigée également par cette famille, date de l'épidémie de choléra.

Description :

C'est une croix en pierre de Jaumont, pierre en usage dans la région depuis la plus haute antiquité. Cette croix est composé d'un socle en bas-relief, à trois faces, puis d'un socle plus petit, sur lequel repose le fût à colonne, lui-même surmonté d'un chapiteau et enfin la croix à double face.

Toutes ces croix sont érigées dans le style des colonnes dédiées par les Romains, au Dieu Mercure, patron des voyageurs.

Il est bien certain que bien des croix en Lorraine sont tout ou partie des restes de ces colonnes, reconverties en calvaires, et dont les sculpteurs ont gardé le souvenir. Les angelots que nous voyons sur les chapiteaux ne sont en fait que les ailes du dieu Mercure, agencées à la religion chrétienne.

Sur la face avant du socle, nous voyons, un immense cœur sculpté en creux, et portant cette inscription :

"Charles Deflorenne et Madeleine Caspar

de la paroisse de Volmes, ont fait établir

cette croix à l'honneur de la Ste. Vierge

et de la Ste. Trinité.

12 avril 1812"

Le fût est orné d'un ostensoir et d'une croix en cordage. La croix avait une double face.