Comme le prouvent les lieux-dits, il est certain que dès l'époque romaine, RURANGE, ou du moins sa "Villa rustica" se trouvait près d'un nœud de communications d'une certaine importance. Nous savons qu'au moins quatre, sinon, cinq voies secondaires passaient à proximité de notre village, reliant entre elles, les grandes voies ou les camps militaires chargés de surveiller la région.
Il est donc certain, que ces voies très fréquentées par les marchands, ont été le moyen idéal pour les premiers apôtres chrétiens, de diffuser le message évangélique.
Les premiers chrétiens étaient surtout des Juifs, et notre région a connu le christianisme par ces communautés : très nombreuses chez nous : Flévy - Buding - Ennery - Metzervisse - Metzeresche - Koenigsmacker , etc...
Ces communautés, dont les cimetières jalonnent encore notre région, ont été les premières à connaître la nouvelle religion, par leurs membres venus d'Italie ou du Midi de la France : Marseille, Lyon.
De plus, les soldats romains en garnison dans les camps, comme Luttange, Flatten ou Kirschnaumen, furent eux aussi les propagateurs de le religion nouvelle, source d'espoir et de libération pour les esclaves et les plus pauvres des peuples soumis au joug romain.
Les routes ont donc été un moyen normal de diffusion, et les arrêts des tavernes ou des ateliers de réparations des chariots, le lieu idéal pour la propagande de la NOUVELLE. Par qui et comment nous vint le christianisme à RURANGE ? - Nous l'ignorons.
Seuls, les noms des titulaires des églises nous fournissent des renseignements sur l'origine des églises, car la dévotion populaire eut une influence considérable sur le choix des patrons.
Il est certain que la plupart des paroisses qui ont St. Pierre, St. Martin, St. Remy comme titulaires, sont des paroisses qui remontent aux premiers temps de l'évangélisation par les Francs. On a également remarqué que les sanctuaires dédiés à St. Martin, sont toujours placés le long ou à proximité des voies romaines, sans doute, pour en faciliter les accès ; ce qui est le cas pour RURANGE.
La fondation des premières églises rurales en France, date du dernier tiers du IVe siècle.
Celles-ci furent établies dans les agglomérations d'une certaine importance. Après avoir converti les habitants du lieu, il leur laissait un prêtre et un autel ; les autres, par les soins des gens qui s'unissaient pour construire un sanctuaire et demander un prêtre. Certains temples païens ont dû servir bien souvent de premier lieu de culte. Souvent ces églises des "Vicus" deviendront le siège des archiprêtrés carolingiens.
Plus tard, les propriétaires fonciers fondèrent des oratoires sur leurs terres, les évêques, sur les domaines de leur Eglise, les grands propriétaires, dans leurs villas, et les monastères, sur leurs fiefs.
C'est autour de ces églises, que se sont formées les paroisses, circonscriptions territoriales définies, ayant un chef, le curé, et un patrimoine propre.
Cette constitution s'accomplit peu à peu : l'oratoire du domaine se détachant petit à petit de la paroisse du "Vicus", pour devenir autonome.
Les limites de ces paroisses s'établirent dans celles du "Vicus", ou dans le cadre de la "Villa" ; là c'est un groupe de villas, ailleurs, c'est la villa qui se démembre. Si l'on en juge par les diplômes de ventes, d'échanges ou de donations, l'on voit figurer la formule : "Villa cum basilica" ou "ecclesia et appenditiis ejus" (Villa avec sa basilique ou église et ses dépendances). Si l'on prend en considération les saints auxquels furent dédiées les églises, c'est au cours des VIIe et VIIIe sièces, que se constituèrent le plus grand nombre de circonscriptions paroissiales. Vers la fin du VIIIe siècle, la formation de la paroisse est terminée.
Les paroisses se multiplièrent tellement dans certaines régions, que l'on dut prendre des mesures pour arrêter cette œuvre de morcellement. En 844, le concile de Toulouse interdit tout démembrement nouveau qui ne serait pas nécessité par de graves raisons.
Pour RURANGE, le document le plus ancien qui parle de notre paroisse, est sans conteste, un acte de GOBERT, seigneur d'APREMONT, qui en 1137 fonde un prieuré sous APREMONT, "pour la sépulture et à la mémoire de son fils unique GOBERT, mort en bas-âge". Il confie ce prieuré aux religieux de GORZE et le dote. Parmi ces donations : les dîmes de l'église de HAUCONCOURT, et sa part d'église à ROHENGES... (RURANGE). La même année, un différend est réglé par ETIENNE de BAR, évêque de METZ. Parmi les témoins laïcs, ALBERT, juge de Metz, LAMBERT de SUPINCOURT (SPINCOURT) et...Raimbaud de ROHENGIS (RURANGE).
Mais un document encore plus sûr et incontestable parle de RURANGE : la Bulle du pape Alexandre III. Cette bulle, en faveur de l'abbaye de BOUZONVILLE, datée du mois de novembre 1179, adressée à Faltier, abbé de Ste Croix de BOUZONVILLE et à ses religieux, confirme le couvent dans tous ses biens et porte un droit sur RURANGE : "Walterus de Uchinga dedit dimidium mansum in RUNERINGA"
- Walter d'Uckange a donné la moitié de son manse de RURANGE.
- Une autre copie porte : "RIMERINGA". (Arch. H. 360).